Monstre présumé
Gérard Depardieu, un monstre sacré au tribunal populaire
Monstre, Ogre, prédateur, pédophile, gaulois, grivois, violeur, les termes et adjectifs ne manquent pas pour qualifier aujourd’hui un homme pourtant adulé hier. Gérard Depardieu est qu’on le veuille ou non livré à la vindicte et au tribunal populaire occultant totalement la « présomption d’innocence » ouvrant un débat (voir une guerre) sans fin entre les défenseurs de victimes et les soutiens aux accusés « présumés » potentiellement innocent.
Un débat qui n’est pas dénué d’intérêt, mais sans aucun doute trop passionné et motivé par la position sociale particulière de l’accusé et le contexte médiatique venant motiver encore un peu plus ces passions.
A-t-on aujourd’hui le droit de livrer en pâture un homme sans qu’aucun procès n’ai pu avoir lieu et donc sans aucun jugement ou doit on faire fit des plaintes et des victimes en laissant penser que « peut être ne disent elle pas la vérité » ?
L’affaire Depardieu est peut-être, au-delà du débat, la vitrine d’une société de notre temps, bien différente de celle d’hier, que certains idolâtres et que d’autres vomissent. Un peu de sagesse et de tempérance nous permettrait d’analyser et de comprendre ou voir les choses différemment sans pour autant les accepter ou prendre parti pour les uns ou les autres.
En premier lieu, doit t on comparer l’affaire Depardieu avec les autres affaires secouant le monde du spectacle aujourd’hui ? Bien que similaire sur certains aspects, l’affaire Depardieu a cela de différent qu’il y a une affaire dans l’affaire.
D’abord et surtout des accusations de viols, bien réelles et pour lesquelles la justice suit sont cour. On pourra bien sûr reprocher la lenteur de l’instruction mais aussi comprendre que la difficulté de telles affaires résulte dans le temps passé entre les faits et le dépôt de plainte qui ne facilite en rien la résolution de telles affaires, souvent résumés à la parole des uns contre celles des autres. S’il convient, bien évidement de ne pas sous-estimer ou ignorer la parole des victimes (trop souvent avérée), il convient également de s’assurer de la véracité des faits. Ceci est le fondement même de la justice qui permet à chacun de pouvoir se défendre d’accusations à son encontre ou de régler des différents entre 2 parties. Sans justice, l’injustice serait de mise et il deviendrait tellement simple d’accuser pour se venger ou détruire quiconque ne nous conviendrait pas… et c’est exactement ce qui se passe avec Gérard Depardieu comme avec beaucoup d’autres cas avant lui.
Ensuite, viennent les images et les propos vus et entendu lors du reportage d’enquête exclusive sur France2. De l’avis de la majorité, des propos intolérables aujourd’hui mais soumis là encore à débat. Ces propos sont ils sorti de leur contexte ? Les enregistrements ont-ils étaient volés ? Fiction ou réalité ? et là, cela ne dépend plus totalement de la justice mais bien de la popularité d’une personne, jugé par ses pairs et tous ceux qui voudrons se faire un avis sur la personne. Et c’est là que l’époque à bien changée… sur la pensée populaire, le rôle des réseaux sociaux, les mœurs d’aujourd’hui et la vision artistique des choses.
On ne peut plus parler aujourd’hui comme on le faisait il y a 20 ans à peine et il suffit de regarder des émissions télévisées de l’époque pour s’en convaincre : La nature, les propos et les programmes de ces émissions seraient aujourd’hui systématiquement sujets à polémique, y compris les plus « intellectuelles » d’entre elles (en témoigne des émissions comme « apostrophe » « droit de réponses » ou même la très politiquement correct « Champs Elysées »)
N'oublions pas d’où nous venons et où nous souhaitons aller.
Gérard Depardieu est, semble-t-il, resté attaché aux valeurs de l’époque, à son franc parler (que l’on pourrait juger un peu cru) et à une attitude souvent qualifiée de « Gauloise ». Cela à toujours été et devons-nous le guillotiner pour cela ? Posons-nous en effet la question du nombre de personnes, dans notre entourage, qui en privé pourraient tenir de tels propos ou avoir une aptitude similaire : Si cela n’est certes pas correct aujourd’hui, nous y avons tous participé un jour ou l’autre par nos silences ou notre laisser faire. Est-ce bien réaliste de vouloir accuser toutes ces personnes et demander justice pour quelque chose que le monde d’hier semblait accepter. Nous vivions au moyen âge et à la préhistoire avec des us et coutumes bien différents et nous avons évolué, au fil du temps, vers un monde bien différent et surement meilleur pour nous mais que nos ancêtres n’auraient probablement pas compris et encore moins accepter. C’est cela l’évolution, et bonne ou mauvaise, le monde avance à grand pas et nous n’effacerons jamais les vestiges du passé. Vestiges qui devraient nous permettre de mieux percevoir l’avenir. Alors, ne jetons pas ce patrimoine quand bien même il apparait pour certains scandaleux et servons-nous de cela pour améliorer l’avenir. Apprenons à accepter que nous étions et participons à changer les choses sans pour autant supprimer le passé. Cela est sans doute la solution la plus sage pour que les victimes d’hier ne puisse plus exister. Améliorons le traitement de la justice, de l’éducation et de la connaissance et essayons ensemble de comprendre plutôt que condamner. Laissons la justice faire son travail en respectant la présomption d’innocence sans négliger les présumés victimes et laissons notre cœur se forger un avis sur la personne sans se baser sur un simple fait, mais en analysant bien un ensemble d’éléments qui constituent les choses de la vie… les circonstances, l’époque et nos différences.